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Des odeurs qui guérissent, médecine d'antan et de demain

Foto do escritor: Gabriela de França NanniGabriela de França Nanni

Atualizado: 25 de abr. de 2023



Parfum et bien-être : le retour des odeurs qui guérissent


Les recherches sur le pouvoir des odeurs sur notre psychisme ne cessent de surprendre. Le sens de l’odorat, longtemps considéré comme marginal, est en lien direct avec nos émotions. Dans cet article, nous parlerons de l’aromachologie, la science qui étudie l’influence des odeurs sur notre psychisme, de comment le sens de l’odorat constitue une voie privilégiée de bien-être, de son rapport avec nos mémoires autobiographiques et du pouvoir guérisseur des arômes.


Zoom sur l’aromachologie, l’étude sur l’influence des odeurs sur notre psychisme


Alors que l’aromathérapie répond à un besoin physique de soin (infection, cicatrisation, douleur) à travers l'utilisation des huiles essentielles à des fins thérapeutiques, l’aromachologie s’intéresse aux vertus bienfaisantes des senteurs et leur influence sur nos comportements et nos émotions.


L’aromathérapie connaît déjà les effets stimulants (menthe poivrée ou citron) ou relaxants (petit grain, lavande…) de certaines huiles essentielles. Mais ce n’est que depuis une trentaine d’années que l’aromachologie, terme qui dérive des mots anglais aroma et psychologie, dévoile les liens entre les odeurs et une gamme plus large de sentiments tels que la détente, le bonheur, la confiance en soi, etc.


Ainsi, l’aromachologie, en partant du constat qu’une odeur est à même de déclencher des réponses psychologiques identiques chez divers individus - en dépit de leurs expériences, de leurs goûts et de leurs biais culturels -, cherche à comprendre comment accéder au psychisme via le système olfactif.


L’aromachologie s’inscrit ainsi dans l’air du temps, où le développement personnel et de la quête du bien-être ne cesse de croître. Les gens ne se contentent plus de sentir bon, ils ont besoin de se sentir bien !

Le terme aromachologie a été utilisé pour la première fois en 1982 aux États-Unis par la Fragrance Foundation.


La société de composition américaine IFF crée alors une section Aroma Science au sein de sa branche de recherche et développement afin de formaliser et d'objectiver les liens entres ses essences et les émotions qu’elles pouvaient susciter chez les consommateurs.


Avec la création de cette nouvelle entité, un projet ambitieux voit le jour : cartographier l’ensemble des ingrédients naturels et synthétiques selon les émotions suscitées chez les consommateurs. À partir d’un schéma circulaire articulé autour de deux axes, émotions positives/négatives, activation +/-, les consommateurs étaient invités à classer chaque odeur. C’est l'ère du mood mapping, mais également d’une caractérisation multi-sensorielle permettant de connaître les couleurs, textures ou d’autres attributs associés à chaque ingrédient. Ces deux projets ont donné naissance à deux bases de données, devenus des outils stratégiques puissants, bien que basés sur des données purement déclaratives. : Scent Emotions et le Mood mapping.


Actuellement, les recherches ont évolué, visant l’obtention de données plus objectives. Pour connaître et évaluer la réaction d’un sujet face à une odeur, les maisons de fragrances utilisent l’EEG. Les données obtenues par l’EEG, examen qui mesure l’activité électrique du cerveau à l’aide de capteurs placés sur la surface du cuir chevelu, peuvent également être croisées par d’autres mesures telles que l’activité cardiaque, la température corporelle, le flux sanguin, la dilatation des pupilles, etc.


Le sens de l’odorat : une voie de bien-être


Quand nous inspirons les molécules odorantes, celles-ci pénètrent dans la cavité nasale et se lient aux neurorécepteurs de l’épithélium olfactif, situé au fond de cette cavité. Ces neurorécepteurs sont les seuls neurones humains en contact direct avec l’air, chacun correspondant à un type de récepteur compatible avec une molécule odorante.


L’influx nerveux produit par le contact de la molécule odorante et le récepteur olfactif rejoint ensuite le système limbique, noyau de la mémoire et des émotions. Le système limbique, à son tour, analyse le message olfactif et le traduit en sensation de plaisir ou déplaisir.


Différemment des autres sens, qui sont d’abord organisés et interprétés par le thalamus, les signaux olfactifs sont envoyés directement à l'hypothalamus, zone du cerveau responsable pour maintenir la homéostasis et contrôler la plupart de nos fonctions végétatives, endocriniennes, comportementales et émotionnelles. Ce n’est qu’ensuite que l’information est traitée par le cortex, siège de la perception rationnelle.


Une étude de 2002 publiée dans la revue Current Biology détaille comment les odeurs plaisantes peuvent agir comme des récompenses sur notre cerveau grâce à la connexion du système olfactif avec deux zones cérébrales : le bulbe olfactif qui traite le caractère plaisant des odeurs et le tubercule olfactif, structure clé de la récompense. Des résultats obtenus d’abord chez la souris, et ensuite observés aussi chez l’homme, confirment que la mise en jeu de ce réseau permettrait la libération de dopamine, comme le font les éléments bénéfiques naturels comme la nourriture ou artificiels comme les drogues.


Vous l’aurez compris, le sens olfactif, très souvent relégué au rang de l’inconscient, est en prise directe avec nos émotions et notre comportement. Ce que nous sentons, c’est ce que nous ressentons, dans un processus qui dure moins d’une seconde.


Mémoire Olfactive : des odeurs pour se souvenir


Les arômes ont un étrange pouvoir d’entrer en résonance avec notre histoire intime et personnelle. Nous pouvons tous retrouver un souvenir enfoui ou une émotion au contact d’une odeur. D’ailleurs, la capacité que certaines plantes ont de réduire le stress ou l’anxiété est liée directement aux réminiscences et aux visions qu’elles provoquent.


Catherine Bouvet, auteur de "Et l’odorat ?" Le nez sans dessus-dessous attribue aux huiles essentielles trois activités : moléculaire (antiseptique, cicatrisante), bio-électronique (énergétique) et une troisième plus subtile, liée au passé et au contenu affectif de chacun.


Raviver le passé lointain est une des caractéristiques étonnantes de la thérapie par les odeurs, grâce à cette connexion intime entre l’odorat et le cerveau. Il est capable de nous projeter instantanément dans des souvenirs lointains, de recomposer tout un décor multi-sensoriel (sons, images, couleurs, textures).


Les odeurs peuvent raviver la mémoire de patients sortant du coma, atteint de la maladie d'Alzheimer ou Parkinson et la dépression. L’idée est de stimuler la mémoire avec les odeurs, en demandant au patient de les identifier ou, alors, en favorisant la remontée de souvenirs autobiographiques.


Une odeur pour activer jusqu’à 80 milliards de neurones, d’où le pouvoir de thérapies olfactives de reconstruire des univers entiers ! Bien rangée dans l'hippocampe, chaque odeur possède son étiquette émotionnelle. Nous disposons tous d’une bibliothèque d’émotions générées par les odeurs et les souvenirs associés. Par exemple, certains vont avoir de réminiscences des étés passés en famille en respirant l’odeur d’une crème solaire ou encore une tristesse profonde en respirant le parfum de la grand-mère qui n’est plus là.


Des odeurs qui guérissent, médecine d'antan et de demain


Étant donné que l’odorat est directement relié au système limbique, dont dépendent nos émotions, l’inhalation d’huiles essentielles favoriserait le rééquilibrage des affects.

Le développement de thérapies olfactives est en plein essor. À la croisée des chemins de la médecine et de la parfumerie, les thérapies olfactives se basent sur l’idée que les odeurs, au-delà de favoriser un travail sur soi et sur les émotions, peuvent aussi être un outil efficace pour traiter le stress, l’anxiété, la dépression, le burn-out, les phobies, les TOC, les troubles alimentaires, le syndrome de stress post-traumatique, les problèmes de mémoire.


De nos jours, en France, nous pouvons observer le retour des arômes dans de nombreux services hospitaliers (gérontologie, gynécologie, dermatologie, etc.).


N'oublions pas que la séparation effective de la parfumerie et de la pharmacie a eu lieu seulement au début du XIX siècle, à travers un décret de Napoléon du 18 août 1810 qui impose de soumettre à une commission toute composition à usage médical. Ainsi, afin de protéger le secret de leurs formules, les parfumeurs cesseront de faire état des vertus médicinales de leurs créations.


En outre, des découvertes récentes mettent à nu le fonctionnement de récepteurs olfactifs aussi sur les cellules cutanés. C'est comme si notre peau, cet organe support du cinquième sens, le toucher, pouvait sentir !

C'est ce qui démontre une étude sur les récepteurs olfactifs de la peau menée par une équipe de chercheurs allemands sur des cultures de cellules de peau humaine, en particulier sur des cultures de kératinocytes humaines primaires et de cellules de HaCaT4. Ils ont observé que l'application de l'odeur de bois de santal sur la peau favoriserait la prolifération, migration et régénération des kératinocytes, entrainant un phénomène immédiat d'auto-guérison de la peau.


D'autres études ont été menées dans l'Université Ruhr à Bouchon, cette fois-ci concertant les récepteurs olfactifs présents sur les mélanocytes. Dans cette étude, les chercheurs ont constaté que quand la molécule odorante adaptée se lie au récepteur olfactif, une cascade de réaction est déclenché, semblable à celle qui se produit dans les cellules olfactives du nez. Un récepteur situé à la surface des cellules des mélanocytes, activé par la molécule beta-ionone (l'odeur de la violette) est capable de réguler l'activité enzymatique et, par conséquent, la croissance cellulaire et la production de mélanine (une prolifération excessive de mélanocytes est à l'origine de mélanomes cutanés).



Sources


LE GUÉRER, A. 2022. Parfums d’histoire : du soin au bien-être. Snoeck-Gent. Saint Antoine l'Abbaye, France.


CANAC, P.. 2019. Le Guide des émotions ofactives : Équilibre et bien-être grâce à l’aromachologie. Ambre Éditions. Chavannes-de-Bogis, Suisse.


BOUVET, C. 2012 Et l’odorat ? Le nez sans dessus-dessous. Elytis. Bordeaux, France.



http://aurore.unilim.fr/ori-oai-search/notice/view/unilim-ori-109147



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